C'est un atelier de maroquinerie artisanale, installé dans le village de Targon, en Entre-Deux-Mers (Gironde). Il était auparavant situé en bords de Garonne, à Langoiran.
L’artisane, Astrid Desaché, conçoit et fabrique des articles en cuir, à partir de ses propres inspirations et envies. Elle peut aussi réaliser vos projets sur-mesure, ainsi que des réparations d'articles en cuir (sacs, vestes...), après étude de la demande.
Elle travaille sur des pièces uniques ou en très petite série et aime prendre le temps d’imaginer de nouveaux articles, mêlant le côté utilitaire et la recherche esthétique, en explorant les formes, les couleurs, les textures, les finitions ...
En prenant soin de la matière ...
Le dessin, la recherche et la conception représentent une part très importante de son travail.
Cela demande du temps, l’acceptation de tester, d’expérimenter et donc parfois de rater…
Cela aide à appréhender la notion « d’erreur » d’une manière différente… De la voir comme un processus, vers une évolution, une amélioration…
Et de ces « ratés » surgissent parfois de nouvelles idées, plus riches,
En tous les cas un rebondissement vers une nouvelle expérimentation, un nouveau regard sur la matière, un apprentissage nouveau sur le rapport au « faire » et au temps…
L’atelier, c’est un laboratoire de recherche…
Astrid utilise des cuirs de tannage végétal (cuirs de vachette), ainsi que des cuirs de tannage minéral (principalement des cuirs de vachette & de taurillon, parfois des cuirs de chèvre).
Ces cuirs proviennent de tanneries françaises (Pays-Basque, Aveyron, Tarn...) et italiennes, ou de grossistes situés en Dordogne et dans le Maine-et-Loire (bassin du Choletais). Ces grossistes permettent notamment la récupération de certains cuirs d’entreprises de maroquinerie et/ou chaussure (fins de collections, chutes…) et participent en ce sens à la démarche de revalorisation des ressources. Les cuirs achetés aux grossistes peuvent avoir été tannés en France ou en Europe (Italie, Espagne, Royaume-Uni, Allemagne…) et parfois en Amérique latine (pour certains cuirs nourris gras).
C’est tout le processus qui va permettre à la peau brute de l’animal (matière périssable), dépecée dans les abattoirs (bovin, ovin, caprin…), d’être transformée en cuir : une matière rendue imputrescible que l’on peut conserver sur la durée.
Par définition, sont donc exclues de la dénomination « cuir » toutes les matières non issues de la transformation de la peau animale (on ne peut donc pas parler de « cuir de cactus », de « cuir d’ananas » ou encore de « cuir vegan »).
Il y a énormément d’opérations pour réaliser le tannage d’une peau, c’est un métier à part entière, réalisé par les tanneurs-mégissiers. Ainsi, Astrid ne tanne pas elle-même les peaux, elle achète les cuirs déjà tannés.
Il est important de préciser que les animaux ne sont pas élevés pour leurs peaux (sauf cas particuliers de certains animaux exotiques, élevés pour leur peau afin d’obtenir des grains originaux. Petit Grain de Peau a fait le choix de ne pas travailler les cuirs exotiques).
Les animaux, tels que les bovins par exemple, sont élevés pour leur viande ou leur lait.
Après abattage des animaux et dépeçage, la viande est utilisée pour la filière alimentaire et les peaux brutes constituent des déchets à traiter. Il s’agit donc de rebut de l’industrie agro-alimentaire.
Leur transformation en cuir, par le tannage, permet de les revaloriser.
Ainsi, sans l’industrie du cuir, la peau ne serait qu’un déchet de plus à éliminer par incinération ou enfouissement, ce qui provoquerait une forte pollution des sols, des nappes phréatiques et de l’air.
Ainsi, tant que la consommation de viande/lait et l’élevage perdureront, il y a aura toujours un sous-produit à valoriser : les peaux brutes.
Certes, l’industrie du cuir a un impact sur l’environnement, comme la plupart des activités humaines : consommation d’énergie, d’eau, de produits chimiques, utilisation de ressources non renouvelables, production de déchets, émissions atmosphériques, conditions de travail difficiles des personnes…
Mais les tanneries sont contrôlées de façon régulière sur le respect des normes environnementales en vigueur (réglementations européennes et françaises, protectrices de l’environnement).
Et par ailleurs, ces dernières années, de nombreuses innovations ont été entreprises par les acteurs du secteur, en France et en Europe, pour réduire leur impact environnemental, dans plusieurs des domaines cités ci-dessus. Mais ils doivent encore continuer à développer ces recherches, pour progresser et pour gérer la transformation des peaux d’une manière encore plus efficace et plus respectueuse de l’environnement.
Et ainsi trouver des solutions sur des sujets difficiles tels que la traçabilité, la déforestation, la pollution, la santé et la sécurité, la gouvernance...
Autre point essentiel pour évaluer de manière plus complète l’impact environnemental de la filière cuir : il faut aussi prendre en compte tout le cycle de vie des articles en cuir. En effet, le cuir est un produit durable et de qualité, qui est conservé sur des dizaines d’années s’il est bien entretenu (d’où l’importance d’en prendre soin et de l’entretenir). Cela permet d’éviter des achats trop fréquents de produits neufs et ainsi de préserver les ressources naturelles.
Par ailleurs, les objets en cuir peuvent, pour la plupart, être réparés. L’acte de réparation permet là encore une durée de vie plus longue des objets et évite de jeter.
C’est d’ailleurs dans cette optique que l’artisane de Petit Grain de Peau propose un service de réparation de vos articles en cuir.
Le processus de tannage végétal est un processus de tannage ancien, qui permet de transformer la peau de l’animal en cuir, à partir de tanins végétaux (écorces, feuilles, racines d’arbres, fleurs), par exemple du châtaigner, du chêne, du mimosa, du quebracho…
Il permet d’obtenir un cuir rigide, robuste, souvent très épais (bien qu’on puisse le refendre = désépaissir), de très bonne tenue, idéal pour fabriquer des articles qui vont être soumis à des manipulations fréquentes, à des tractions (ceintures, licols et articles de sellerie harnachement…), des articles ayant pour fonction de porter des charges plus lourdes (cartables, sacoches pour outils…), ou encore des articles devant garder une bonne tenue.
C’est un processus de tannage lent voire très lent qui dure parfois plusieurs mois, d’où son coût plus élevé.
Le processus de tannage végétal, bien qu’il n’emploie pas de métaux lourds (contrairement au tannage minéral), présente tout de même un impact sur l’environnement, puisqu’il nécessite de plus grandes quantités d’eau & de tanins que le tannage minéral. Cela a d’ailleurs pu être à l’origine de déforestation dans certaines zones géographiques.
En effet, les tanins végétaux ne peuvent pas être réutilisés dans le processus de transformation des peaux, alors que les tanins minéraux sont de plus en plus recyclés en tanneries (dans le processus de tannage minéral).
* Pour plus d’informations sur ces données, consulter les sites du Conseil National du Cuir (CNC) et du Centre Technique du Cuir (CTC).
Actuellement, l'artisane de Petit Grain de Peau utilise aussi des cuirs de tannage minéral, qui n’ont pas les mêmes propriétés. Dans le processus de tannage minéral, on introduit des sels de chrome, ou de fer, ou de zirconium… Ce processus de tannage, plus rapide que le processus de tannage végétal (et donc beaucoup plus répandu), s’est développé avec l’arrivée de l’industrialisation à la fin du 19ème siècle et s’est très largement répandu dans le monde (en quelques jours, une peau est tannée).
Le cuir de tannage minéral est en général souple, voire très souple. Il peut être très fin (ex : cuir destiné à la ganterie), fin ou plus épais. Il peut présenter de très nombreuses couleurs et finitions possibles (toutes ces opérations qui donnent leur aspect final aux cuirs – le corroyage-finissage – sont aussi réalisées par les tanneries). Le cuir de tannage minéral est ainsi bien adapté pour des articles nécessitant plus de finesse, de la souplesse, un « tombé » spécifique, ou encore un type d’assemblage particulier (certains assemblages ne peuvent pas être réalisés avec du cuir de tannage végétal trop épais). Citons quelques exemples - un très bref aperçu - de cuirs de tannage minéral utilisés par Petit Grain de Peau :
le cuir pleine fleur aniline : ce sont les peaux naturellement les plus « parfaites » qui n’ont pas besoin d’être recouvertes de pigments pour cacher les défauts. Elles sont recouvertes d’une fine pellicule transparente, les imperméabilisant, mais sont plus délicates d’entretien. Leur aspect est très naturel, doux et cireux. Elles sont souvent utilisées en maroquinerie et ameublement haut de gamme / luxe.
le nubuck : lorsque la fleur du cuir a été légèrement poncée, et ce de manière uniforme sur toute sa surface, ce qui donne à la peau un aspect velouté, un toucher velours. Cette finition demande des précautions particulières d’entretien.
le cuir nourri gras : lorsque le cuir a été nourri à cœur avec des huiles animales, ce qui lui donne un aspect assez brut, voire patiné, comme s’il avait déjà vécu. La texture « grasse » se ressent au toucher.
Il existe une très grande diversité de cuirs, en fonction de la race de l’animal, de ses conditions d’élevage, de la qualité des peaux, du processus de tannage utilisé, des finitions choisies, des coloris, …
Plusieurs de ces paramètres sont essentiels à prendre en compte, pour déterminer la manière dont les articles en cuir doivent être entretenus. En effet, tous les produits d’entretien ne seront pas utilisables sur tous les cuirs.
Petit Grain de Peau vous conseille sur l’entretien de ses articles de maroquinerie (l’une des clés essentielles de leur conservation sur la durée).
Et vous propose aussi à la vente une gamme de produits de nettoyage, d’entretien et de nourrissage du cuir, élaborée par un artisan français du Doubs. Celui-ci fabrique dans son atelier des crèmes, laits nourrissants, laits nettoyants et graisses pour cuirs, à partir de ses propres recettes basées sur un savant mélange de cires et huiles végétales et animales (cire d’abeille, cire de carnauba, lanoline, huile de pied de bœuf…).
Dans un souci de préservation de la matière et des ressources, Astrid fabrique ses prototypes dans la mesure du possible avec du cuir de récupération destiné au rebut (vieilles vestes & vieux pantalons en cuir, anciens canapés…).
Elle recycle au maximum ses chutes de cuir, en fabriquant avec : de petits articles (bracelets, boucles d’oreilles, porte-clés…), les étiquettes de ses produits, ou encore des lanières de cuir (qu’elle tresse ou avec lesquelles elle décore les cadeaux de ses clients).
Les chutes de cuir sont aussi données ou mises à disposition lors des ateliers d’initiation-découverte de la maroquinerie.
Après des études en arts plastiques et en histoire de l’art, Astrid s’est tournée vers le travail social pendant une dizaine d’années, en France et à l’étranger (Inde, Pérou, Cambodge). Elle est ensuite revenue à la pratique manuelle par une reconversion professionnelle dans l’artisanat, en passant un CAP maroquinerie : elle a ainsi commencé à découvrir cette matière – le cuir – qu’elle a toujours aimé et dont elle voulait explorer les possibilités. Et a continué à se former auprès d’artisans maroquiniers et tanneurs girondins et basques, tout en explorant les techniques de travail d’artisans andalous et marocains :
Pour comprendre plus en profondeur le travail de transformation des peaux en cuir, jusqu’à leur transformation en articles destinés à l’utilisation quotidienne et avoir ainsi une vision plus globale sur tout le processus de travail de la matière…
Pour poursuivre sa découverte toujours renouvelée de la maroquinerie et continuer à mêler dans ses fabrications, différentes influences et techniques, qui l’ont marquée et émue lors de ses voyages, au fil des rencontres artisanales et humaines…
Qui continuent de façonner son chemin…
De fil en aiguille...